
Le titre choisi par le Président Macron – Les États généraux – trouve ses origines dans l’Ancien Régime; avant la Révolution les Etats généraux étaient un organe consultatif du Roi et formaient une assemblée comprenant toutes les classes partout en France. Ils se sont réunis pour la dernière fois en 1789. 14 ateliers thématiques, divisés en deux « chapitres », auront lieu d’ici la fin novembre. Chaque atelier compte environ 70 participants représentant les agriculteurs (agriculture et pêche), l’industrie agroalimentaire, les distributeurs, les consommateurs, les hommes et femmes politiques, les syndicats, les ONGs, les organismes de bienfaisance, les banques et les compagnies d’assurance. Une consultation publique en ligne est ouverte à tous les citoyens français jusqu’au 20 octobre. Ceux qui ont participé à ce jour sont principalement concernés par les revenus des agriculteurs et le soutien à la transition agricole.
Un mauvais départ
Le premier atelier (nommé atelier n° 5 – prêtant à confusion) a commencé le 29 août; il s’attaque à l’épineuse question de savoir comment aider les agriculteurs à vivre dignement de leur travail. A présent, de la ferme au supermarché, le prix des produits montent en flèche sans que les agriculteurs puissent en bénéficier. Le choix des deux coprésidents pour cet atelier est malheureux: ni l’un ni l’autre n’est issue du milieu agricole. François Eyraud est directeur général de Produits frais Danone, et Serge Papin PDG de Système U.

Pas pour rien donc que les syndicats agricoles aient exprimé leur indignation, appelant ces nominations une nouvelle provocation, en soulignant que ces 2 coprésidents représentent effectivement les secteurs qui sont – à leurs yeux – à l’origine de la situation catastrophique dans laquelle se trouvent les agriculteurs. Une solution rapide à ce problème a été trouvée dans la nomination de M. Olivier Allain, agriculteur, au poste de «Coordonnateur général des États généraux». M. Allain est chargé de centraliser les résultats de tous les ateliers qui devraient être finis fin octobre; il est également vice-président du conseil régional de Bretagne. Workshop n ° 1, qui a débuté le 30 août, étudie les normes environnementales et nutritionnelles; L’atelier n ° 2 a débuté le 29 août et traite d’initiatives locales telles que les circuits courts (pour éviter des coûts de distribution élevés); n ° 3 aborde la bio économie, l’économie circulaire et l’amélioration du recyclage en valorisant les déchets organiques. Vers la mi-octobre, Emmanuel Macron présentera les résultats de la première série d’ateliers (n °s 1-7, voir encadré ci-dessus). Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, assure que le gouvernement pourra prendre des mesures – en fonction des résultats – par ordonnance. Beaucoup ont critiqué la programmation rigoureuse imposée par le président Macron, et notamment le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot, qui a prononcé publiquement en juin ses doutes quant à la possibilité de discuter et étudier en profondeur toutes les questions impliquées dans un délai aussi court. Mais Emmanuel Macron reste ferme ; il envisage d’entamer des négociations avec les distributeurs et l’industrie alimentaire cet automne, pour lesquelles il a besoin de réponses issues des ateliers en main… Le deuxième Chapitre d’ateliers débutera le 3 octobre et examinera les questions de qualité des aliments, de durabilité et d’accessibilité pour tous. Un atelier dit ‘transversal’ de la mi-septembre jusqu’à fin novembre abordera les détails de l’allocation des 5 milliards d’euros promis par le président Macron au cours des cinq prochaines années pour moderniser l’agriculture. La présentation finale des conclusions des 14 ateliers aura lieu à la mi-décembre.

L’Observatoire de la France sur les prix et les marges
L’Observatoire de la France sur les prix et les marges, dont le travail consiste à assurer la transparence de l’information, doit surveiller de près les travaux des ateliers susmentionnés. Le président de l’Observatoire, Philippe Chalmin, déclare dans une interview à La France Agricole du 1er septembre qu’il y a un grave manque de transparence et de confiance, en particulier en ce qui concerne les relations commerciales en France. Les statistiques, dit-il, sont difficiles à trouver, et l’Observatoire manque de fonds pour suivre tout ce qui se passe : l’Observatoire n’a que trois personnes travaillant à plein temps, de sorte que leur mandat est limité. Notez qu’en parallèle, la Commission européenne invite les citoyens de l’UE à donner leurs idées sur la manière d’améliorer la chaîne d’approvisionnement alimentaire et de la rendre plus équitable. Le site en ligne de la consultation publique de l’UE sera fermé le 17 novembre.
