Le ministère de l’Agriculture a publié la semaine dernière un communiqué de presse recommandant des méthodes nouvellement mises à jour pour développer la biodiversité, y compris des conseils pour les apiculteurs amateurs et de nouvelles façons d’améliorer les aptitudes apicoles. Le plan français d’apiculture durable, mis en place en 2013, a été prolongé jusqu’en 2017. Au sein de cette initiative, une liste de plantes attirant les abeilles et les pollinisateurs (les plantes qui produisent des substances qui peuvent être collectées par des insectes et transformées en miel sont appelées « mellifères ») a été élaborée par l’Institut de l’abeille (ITSAP), FranceAgriMer, l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et la Société Nationale de l’Horticulture Française (SNHF)) ; cette liste sera utilisée dans le cadre du Plan Agro-Ecologique de la France. En ce qui concerne les abeilles, le Plan vise à :
- développer davantage les sources de nourriture pour les abeilles.
- accompagner les communautés territoriales qui mettent en place des projets pour aider les abeilles, en les conseillant sur les cultures favorables aux abeilles (ex. colza, tournesol, etc.)
- encourager toutes les régions à cultiver les protéagineux producteurs de miel et à développer une campagne florissante riche et diversifiée. Des subventions sont offertes par le Fonds européen agricole de garantie (FEAGA) et les Mesures agro-environnementales, bio-agricoles et climatiques de la France (MAEC) – les fonds pour 2014-2020 ont augmenté.

Deux cents écoles d’abeille de toute la France, gérées par le ministère français de l’Agriculture, l’ITSAP et FranceAgriMer, proposent des formations à ceux qui souhaitent devenir apiculteur amateur ou professionnel, ainsi que des formations parallèles sur l’évolution de l’industrie de l’apiculture. Des formations plus approfondies sur les méthodes innovantes seront à disposition de ceux qui travaillent déjà professionnellement dans le secteur. Des certificats spécialisés seront introduits en septembre 2017 : un certificat « Apiculture » (apicul (600 heures de formation) ; un « certi-api » sera officialisé pour les apiculteurs amateurs (60 heures de formation). Une formation en ligne intitulée « abeilles et environnement » est développée par l’Institut agronomique, vétérinaire et forestier de France (Agreenium), en partenariat avec la recherche, l’enseignement supérieur et l’enseignement technique. Le gouvernement sortant était déterminé à rationaliser les efforts visant à améliorer la santé des abeilles. Le ministre de l’Agriculture souligne la nécessité d’une stratégie empirique dans laquelle tous les secteurs devraient être impliqués – agriculture, environnement, économie et plus – pour valoriser au maximum tous les produits concernés.
Aidez les abeilles à passer l’hiver :
Des études au niveau international sont en cours pour comprendre et résoudre le problème des pertes hivernales. Un groupe d’étude « Surveillance » du réseau international Coloss Honey Bee Research Association a publié des chiffres montrant où et pourquoi les pertes hivernales se produisent. 29 pays ont participé en 2015-2016. Ils ont constaté que les pertes hivernales se produisent plus souvent dans les petites colonies que dans les moyennes et grandes colonies. La plupart des décès sont attribuables à :
- un traitement inapproprié contre la maladie mortelle de Varroa destructor. (Un apiculteur dans la région de Lot-et-Garonne a perdu 6 millions d’abeilles pendant l’hiver 2015-2016, affirmant que cela était dû au produit bio utilisé pour combattre le virus Varroa destructor – voir l’article dans LADEPECHE.fr) ;
- la présence de jeunes reines dans la ruche hivernale, et
- les facteurs environnementaux (ex. : le manque de disponibilité de fleurs produisant du pollen avant la saison hivernale.

Une plus grande participation au projet de suivi annuel est encouragée (seulement 1% des apiculteurs français ont participé à la dernière en 2015/2016 (via l’ITSAP Institut de l’abeille). Les résultats préliminaires de la recherche hivernale 2015/2016 de Coloss peuvent être consultés en cliquant ici. L’ITSAP Institut de l’abeille a publié le mois dernier une étude spécialisée détaillée – étude de terrain sur les environnements optimaux pour la santé des abeilles juste avant l’hiver afin d’améliorer les taux de survie pendant cette saison. Cette étude sérieuse a été menée sur une période de deux ans dans la Plaine de Beauce au sud de Paris. Le climat, le positionnement géographique, les vents et d’autres facteurs environnementaux ont été pris en considération. Ils ont réussi à cerner le jour exact idéal pour que les abeilles puissent collecter le meilleur pollen, et ont pu ainsi calculer avec exactitude (en octobre) quand il faudrait mettre à disposition des cultures de couverture interculturelles mellifères (ex. : le trèfle, la moutarde) avant le début de l’hiver. (Les cultures de couverture sont plantées pour empêcher les sols d’éroder, pour empêcher que les nutritives s’écoulent, et pour empêcher les mauvaises herbes d’envahir, comme pendant l’hiver). Avec de telles cultures de couverture mellifères, les abeilles seraient bien nourries pour braver les ravages de l’hiver et de la maladie.
Bee wise : (soyez sage) les vieilles abeilles ne perdent pas leur raison:
Par ailleurs, il est intéressant de noter que l’abeille est un organisme modèle nouveau utilisé dans les études concernant les changements de la fonction du cerveau liés à l’âge. Une étude sur les abeilles d’hiver publiée en 2010 par Frontiers in Behavioral Neuroscience, dont les auteurs sont experts en la matière, conclut que les vieilles abeilles ne perdent pas nécessairement leur mémoire ; même très âgées, les abeilles d’hiver pouvaient encore sentir, ressentir et toucher, ce qui contraste nettement avec de nombreux vertébrés et d’autres espèces d’insectes. Ainsi, l’abeille à miel a le potentiel de servir de nouvel organisme modèle pour étudier les mécanismes empêchant le vieillissement du cerveau, la sénilité – la « sénescence cognitive ». Peut-être devrions-nous accorder plus d’attention aux abeilles … Pour plus d’informations et de statistiques à propos des morts d’abeille à miel et leurs maladies dans le monde entier, cliquer ici.