Le boom Bio en France : des produits agrochimiques à l'agriculture Bio

The Normande in spring time.  Source: Stéphane Geufroi Ouest-France

Bien que la possibilité demeure ouverte pour les agriculteurs de continuer à utiliser des produits agrochimiques, nous devons tous rester vigilants. L’Union des Industries de la Protection des Plantes, l’UIIP, a mis en ligne une plateforme pour la sécurité dans l’utilisation des produits agrochimiques. Ce guide détaille les substances chimiques qui peuvent être mélangées et utilisées, et celles qui ne le peuvent pas. Ces lignes directrices sont cruciales pour notre santé à tous. Cependant, la prise de conscience croissante du danger de ces produits chimiques et l’augmentation de la demande de produits bio en France ont incité les agriculteurs à se tourner rapidement vers l’agriculture bio. Ils profitent des nombreux outils, financiers entre autres, mis à leur disposition par les associations et les organismes subventionnés par le gouvernement. L’agriculture biologique en France est une activité florissante. En 2015, la France, avec ses 1,37 millions d’hectares consacrés à l’agriculture bio, possédait la 3e plus grande surface de terres dédiées à l’agriculture bio en Europe, et occupait ainsi la 9e place mondiale, d’après les données gouvernementales. Tout au long de cette même année, le secteur du bio a vu son taux de croissance grimper à 23% ; de nouvelles fermes ont vu le jour, environ 200 par mois. En France, 89% des personnes, soit 9 personnes sur 10, ont acheté des produits bio en 2015, contre seulement 54% en 2003. Fin 2015, la France comptait 28 884 fermes bio, dont une sur deux vendaient ses produits directement à la ferme, en évitant les coûts des intermédiaires. Considérant que tous les secteurs du bio sont en plein essor, les plus dynamiques sont les bovins, les ovins, les caprins et les cultures. Les vignobles sont juste derrière, avec une hausse de 150 nouveaux domaines au premier trimestre 2016.

Normandie

15% des vaches certifiées bio en France se trouvent en Normandie. Fin 2016, il y avait 1 500 fermes bio – tous produits confondus – par rapport aux 543 existantes dix ans plus tôt, selon les experts d’Inter Bio Normandie, d’AgroBio Basse-Normandie et de Grab Haute-Normandie qui se sont réunis plus tôt cette année à Rouen.

source: Stéphane Geufroi Ouest-France

L’année 2016 a vu les surfaces consacrées à l’agriculture biologique augmenter de 70%. Au sein de cette région, les départements de l’Eure et de la Seine-Maritime sont à la traîne. Vous trouverez plus de détails et de données chiffrées sur l’agriculture bio en Normandie dans l’édition 2016 de l’Observatoire normand de l’agriculture biologique.

Le Made in France

Plus des trois quarts des produits bio consommés en France sont « Made in France ». En regardant de plus près les chiffres de l’Agence Bio, vous constaterez que pas moins de 99% des œufs bio, des poulets et des vins consommés sont fabriqués en France ; 100% du bœuf bio consommé est quant à lui français. En outre, les chiffres sont en hausse, notamment pour le pain : on estime que les meuniers français seront en mesure de ne produire que de la farine bio avant fin 2017. Le secteur du bio a également créé des emplois : selon les chiffres de l’Agence Biorepris par le gouvernement, 100 000 emplois ont été créés par l’agriculture bio en 2015 : 69 000 ouvriers agricoles et 30 000 distributeurs. De plus, 2 000 emplois sont allés vers le biocontrôle, le conseil, la recherche et la formation. De nombreux agriculteurs bio ont réuni leurs forces pour surmonter les difficultés, à l’instar du Nord, où un groupe « d’employeurs » a été créé pour faire face à un travail intensif de désherbage manuel, dorénavant nécessaire puisque les pesticides ne sont plus utilisés : lire « Oser le changement », La France Agricole, version imprimée du 3 mars 2017, p. 46. Peu à peu, l’argent consacré auparavant à l’agrochimie sert maintenant à créer de nouveaux emplois.

source: lepaysbriard.fr

Le gouvernement français encourage de tels regroupements ainsi qu’à partager les expériences et les ressources dans ce secteur relativement nouveau par le biais de différentes plateformes, telles que les MAEC – Mesures agroenvironnementales et climatiques et aides pour la bio, (voir ci-dessous). D’autres méthodes sont encouragées pour le binage et le labourage, telles que : choisir les bonnes cultures de couverture pour l’intersaison, semer les graines à des dates plus tardives pour éviter l’utilisation de produits chimiques. Pour l’agriculteur, tout cela nécessite une planification sophistiquée et une aide financière, sans omettre les connaissances et l’expérience. Les formations et conseils sont accessibles par le biais d’institutions telles que l’EcophytoPic, une plateforme collaborative née de la Directive 2009/128/CE. EcophytoPic déconseille l’utilisation de produits agrochimiques et aide non seulement les agriculteurs, mais aussi tous les professionnels impliqués dans l’agriculture bio. Il est financé par France AgriMer, qui

© angelajanehoward

fonctionne sous les auspices du Ministère Français de l’Agriculture. Il faut également tenir compte de la barrière psychologique que doivent franchir les agriculteurs, convertis depuis de nombreuses années à l’agriculture agrochimique. Cela peut être très intimidant d’abandonner un style de travail ancré depuis plusieurs décennies. Une aide psychologique ainsi que d’autres soutiens professionnels peuvent être trouvés, par exemple, dans un collectif local GIEE – Les groupements d’intérêt économique et environnemental, composé d’agriculteurs et de professionnels qui se sont regroupés et travaillent dans le secteur agroécologique. Si un tel groupe n’existe pas dans votre région, vous pouvez en créer un. Les GIEE ont été introduits pour la première fois en 2015 et, à ce jour, il existe 334 GIEE en France, dont 80 en préparation. Il y en a 21 en Normandie, dont 2 dans notre région de l’Eure qui peuvent être consultés en ligne, en cliquant ici et ici. Les GDA (Groupements de Développement Agricole) apportent également assistance et soutien. Il y en a un près de chez nous : Comité des agriculteurs des boucles de la Seine. Il y a aussi l’Association B.A.S.E. qui a commencé en Bretagne, et qui a maintenant une succursale en Angleterre que vous pouvez consulter en ligne ici.

Les retards administratifs engendrent de terribles besoins financiers dans le secteur

Même si l’Agence Bio a annoncé pour 2016 une augmentation de 20% de produits bio et de 12% des fermes bio, les agriculteurs bio font face à de graves difficultés financières en attendant de recevoir les aides financières promises. La diminution des budgets régionaux et les retards administratifs, jusqu’à 2 ans dans certains cas, ne font qu’aggraver la situation du secteur. La Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) et d’autres syndicats agricoles ont lancé des avertissements.

A la Chèvrerie de Bliquetuit, Normandie. © angelajanehoward