Notre terre contient 1.500 milliards de tonnes de carbone organique. Si nous voulons assurer notre sécurité alimentaire et atténuer le changement climatique, ces stocks de carbone doivent augmenter. Car les stocks de carbone absorbent le CO2 atmosphérique, et ce CO2 atmosphérique est responsable de l’effet de serre et du changement climatique. Les niveaux de CO2 dans l’atmosphère augmentent de 4,3 milliards de tonnes métriques par an et il devient urgent de contrer cela avec des stratégies de stockage du carbone.
La réponse se trouve dans le sol sur lequel vous marchez
Selon les experts scientifiques nous pouvons arrêter cette accélération du CO2 en augmentant le taux de carbone organique contenu dans les 30-40 premiers centimètres du sol, et cela au taux de 0,4% (ou 4/1000) par an. C »est justement le but de L’initiative internationale « 4 pour 1000 » lancée par la France lors de la COP21 en 2015. Selon l’Initiative, les plantes récupèrent 30% de CO2 par an grâce à la photosynthèse. Les bactéries transforment les plantes mortes en matière organique riche en carbone – y compris l’azote et le phosphore, essentiels à la croissance des plantes.
Comment allons-nous enrichir ces premiers 30-40 centimètres de sol pour atteindre l’objectif 4/1000?
Moins de labourage !travail du sol, et plus de semis
Les agriculteurs et les forestiers jouent un rôle essentiel. Alors que l’on sait que la réduction de la déforestation et la plantation d’arbres augmentent les stocks de carbone, d’autres méthodes efficaces sont négligées. Ils comprennent:
- augmenter la couverture du sol agricole entre les cultures (utiliser la méthode de conservation du sol);·
- intégrer des plantes légumineuses à des cultures, ce qui aide à fixer l’azote dans le sol;
- ne jamais laisser un sol à nu;
- nourrir le sol de fumier et de compost;
- collecter de l’eau au pied des plantes / cultures;
- restaurer les cultures, pâturage, forêts dégradés et les zones arides.
L’Initiative affirme que l’accumulation de carbone dans les sols se poursuivra 20 à 30 ans après la mise en œuvre de ces bonnes pratiques, si elles sont maintenues. Il continue en disant, de façon stupéfiante, que la restauration des sols agricoles dans le monde ne coûterait que 10 dollars par hectare. Cependant, la restauration des forêts nécessite un financement plus important.
Les scientifiques s’accordent à dire que l’Initiative des sols 4/1000 est louable mais qu’elle est très difficile à réaliser. L’état des sols peut varier énormément d’une région à l’autre et peut même varier d’un champ à l’autre. L’érosion, l’exposition, la densité du sol et son histoire, le climat et l’agriculture intensive contribuent tous aux différences de qualité du sol (et donc aux taux d’absorption de CO2).
Tout cela signifie que différentes méthodes doivent être appliquées aux sols dans le monde en fonction de la qualité variable du sol dans chaque endroit où le sol varie. Les bilans nutritifs des sols doivent être surveillés de près et régulièrement: une carence en nutritifs indique une baisse de la fertilité du sol, mais un surplus de nutritifs indique un risque de pollution du sol, de l’eau et de l’air.
La définition de l’équilibre nutritionnel de l’OCDE est la différence entre les entrées d’éléments nutritifs dans un système agricole (ex. le fumier et les engrais) et les ‘sorties’ absorbées par les cultures et les pâturages. Alors que le fumier et les engrais sont nécessaires pour accroître la productivité des cultures et productions fourragères, une accumulation excédentaire non exploitée (par exemple cela aurait pu servi dans un projet de méthanisation) peut entraîner des fuites dans les cours d’eau, dans l’air, ainsi polluant notre environnement et émettant des gaz à effet de serre.
La nouvelle carte des stocks de carbone en France montre que les stocks de carbone de la France sont riches en zones montagneuses et humides, mais faibles dans les zones d’agriculture intensive comme dans la Beauce, le Languedoc Roussillon avec ses nombreux vignobles, son climat chaud et son sol peu épais, et puis dans les zones limoneuses tels que les bassins parisien et aquitain.
La nouvelle carte ci-dessus des stocks de carbone du sol de la France a été remise à l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture/FAO en décembre dernier pour être intégrée dans la carte mondiale des stocks de carbone de la FAO que vous trouverez ici. Il contribue à l’effort mondial de cartographie des stocks de carbone, piloté par le Partenariat mondial sur les sols de la FAO.
La France mobilise ses recherches sur le carbone
- L’organisme parlementaire qui recommande des politiques scientifiques OPECST* a demandé au gouvernement de créer une stratégie nationale sur les sols qui apporterait plus de cohérence aux initiatives de biomasse et de réduction des émissions de carbone déjà en place. La coordination est un must.
- Un rapport. qui vise à aborder ces questions et à identifier les meilleures pratiques agricoles et forestières pour les sols divers doit être publié à la fin de cette année par l’INRA/Institut national de recherche agricole (qui a produit la carte ci-dessus des stocks de carbone), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie/Ademe et Arvalis, l’institut de R & D sur les grandes cultures.
Alors que les émissions mondiales de C02 se sont stabilisées de 2014 à 2016 selon l’Agence internationale de l’énergie, une légère augmentation a été mesurée depuis : à prendre en compte pour les futures stratégies de stocks de carbone.
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*L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques
Voir aussi:
Soil Carbon 4 per mille, Geoderma/Elsevier/Science Direct.
Les agriculteurs à la rescousse: méthodes de conservation du sol
Trends in Global CO2 Emissions
Le Colloque International sur la Pollution du Sol, 2-4 mai 2018, Rome.