
Qu’en est-il de ceux qui sont restés en marge? Qu’il s’agisse de l’agriculteur isolé dans sa ferme, d’un enfant dont le frère aîné est parti pour la ville, de personnes travaillant indépendamment, ou de personnes sans emploi, de retraités –tous sont susceptibles de se sentir – et d’être – sérieusement délaissés . L’être humain étant un être social, être reconnu socialement pour ce que nous sommes et ce que nous faisons est une part essentielle de notre identité. Quels que soient nos origines, nos caractères, nos compétences, fondamentalement chacun de nous, que nous le sachions ou non, a quelque chose à offrir, que ce soit de par notre expérience, notre éducation ou notre personnalité unique, et partager tout cela avec d’autres est un bienfait pour tous. Je me réfère à l’humanisme qui est le fondement des réseaux qui prospèrent en France et au-delà des frontières : les RERS – Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs, permettant et encourageant l’échange réciproque de connaissances de chacun. Les RERS ont été créés en France dans les années 1970 par Claire Héber-Suffrin, institutrice elle-même qui a toujours revendiqué que les enfants et les adultes devaient partager ce qu’ils connaissaient entre eux. Notre section locale du RERS est le pouls de notre communauté: c’est grâce à l’aide de certains des membres que j’ai pu mener des entrevues avec des spécialistes pour mes articles sur ce site ; leur aide dans la traduction est aussi précieuse. En échange, et dans l’esprit du mouvement, j’aide ceux qui veulent apprendre l’anglais, ou affiner une petite nouvelle. Un spécialiste en informatique ici aide quelqu’un qui a des problèmes informatiques; un ressortissant espagnol dans notre village propose des cours d’espagnol; un peintre du village voisin propose des cours en pastel. Et pendant ce temps, les amitiés se nouent. Lire par exemple, la courte nouvelle que nous avons écrite ensemble pendant nos séances d’écriture (on est 5), créant ensemble les différentes personnalités, organisant la trame et vérifiant les détails pouqu’ils reflètent la vie locale dans notre Normandie près du Havre. Vous pouvez la lire en cliquant ici – elle contient du cauchois, notre patois local

Le RERS prône donc le libre échange de connaissances ; les réseaux s’étendent en France et au-delà : en Italie, la Suisse, le Brésil, le Chili, le Nicaragua, le Québec, la Belgique, l’Afrique … L’argent ne figure jamais dans ces échanges; personne n’est exclu et il n’y a aucune obligation. On ne reconnait aucune hiérarchie, aucune barrière religieuse, aucune barrière d’âge. Le Mouvement des réseaux est composé de nombreux réseaux locaux différents qui se développent en fonction de la demande et de l’offre, et chaque réseau partage ses informations avec d’autres branches. Quant au rythme des activités, il n’y a pas une seule formule, mais cela dit, même si les dispositions sont informelles et flexibles – chaque personne étant libre d’adhérer ou de quitter, choisir des activités, enseigner ou apprendre- le RERS reste toujours une Association et les représentants de chaque unité (présidents, secrétaires) assurent un bon fonctionnement sur la base de ses principes fondateurs.

L’accent est mis sur la réciprocité : nous sommes tous offreurs et demandeurs d’un savoir liés aux métiers, la culture, l’expérience et en proposant notre aide, nous apprenons aussi à bien discerner la demande de l’autre, à bien présenter notre offre. Donc de part et d’autre les personnes sont en apprentissage, c’est ça la réciprocité. Tout cela va un peu plus loin que n’importe quel échange ordinaire où un enseignant anime un atelier: il est toujours le même enseignant, alors que dans le RERS un enseignant devient un élève dans un autre atelier et ainsi de suite. Si vous voulez – ou avez besoin – d’apprendre une compétence et quelqu’un dans la communauté possède ce savoir-faire, le RERS organisera une mise en relation pour bien connaitre les besoins du demandeur et ce que peut proposer l’offreur. Les échanges n’ont pas à être immédiats, et il est intéressant de noter qu’il n’y a pas d’obligations. Cependant, si vous pensez que vous n’avez rien à donner en échange de l’information que vous recevez, réfléchissez encore un peu : vos expériences dans la vie sont toujours valables pour aider quelqu’un d’entre nous. Par exemple, dans notre village, nous avons un groupe d’écriture, et nous mettons notre travail sur notre blog : un jour un RERS en Afrique – oui, cette organisation s’est répandue sur d’autres continents – a contacté le RERS national pour échanger entre ateliers d’écriture. Alors, nous essayons de nous mettre en rapport avec ce réseau d’Afrique. Isolé à la campagne? Essayer le RERS, ou si il n’est pas encore installé dans votre village, pourquoi ne pas en créer un ? Pour plus d’informations concernant le RERS cliquez ici.